Mardi 19 mars: La Baule / les Sables d'Olonnes 60 milles Nous repartons pour 10 jours. Si nous voulons au moins atteindre Gibraltar en nous arrêtant tous les soirs il va nous falloir allonger les étapes et "bouffer" des milles. Nous partons à 8h30 sous GV et génois, bon plein 5 noeuds. Vers 11h le vent tourne Sud Sud Est, nous sommes obligés d'affaler le génois et de mettre le moteur si nous voulons avancer notre route. Nous passons au large des îles de Noirmoutier et Yeu. Vers 16h après Yeu nous sommes à nouveau bon plein à 5,8 neuds, le bonheur.

http://www.youtube.com/watch?v=ZQZKlhAdWEY&feature=youtu.be

Nous irons ainsi jusqu'aux Sables oĂą l'on s'amarre Ă  20h.

Mercredi 20 mars: Les Sables / Port Médoc 73 milles Départ à 9h45, il a fallu attendre l'ouverture des magasins pour acheter du gaz et un émerillon pour raccorder la chaîne au câblot. Je me suis aperçu à Belle Île que la manille que j'avais posé ne passait pas dans le trou du guindeau. Départ au travers, le vent seul nous permet d'avancer à seulement 4,5 noeuds, nous mettons le moteur en appui à 1800 tours pour se rapprocher des 6 noeuds. Vers 15h30 le vent a tourné Sud Sud Ouest et forci un peu, nous sommes désormais bon plein et pouvons marcher sous voiles seules à 5,8 noeuds, mais il me faut lofer, j'ai mal anticiper le "banc de la mauvaise" au Nord de l'entrée de la Gironde. Je voulais "couper le fromage" mais Laurent m'en dissuade. Vers 17h30 nous nous retrouvons donc au pré serré à 4,5 noeuds. Moteur... Bon sang qu'ils sont long à contourner ces bancs (La Mauvaise et le Batelier), j'attend avec impatience d'apercevoir les bouées de chenal, je sais qu'il reste 16 milles de chenal avant d'arriver à Port Médoc. Nous nous amarrons à 22h30. Ariivée aux Sables d'Olonnes

Jeudi 21 et vendredi 22 mars: Port Médoc / Leikeito (Cabo de Santa Catalina) 159 milles C'est d'ici qu'il nous faut filer sur le nord de l'Espagne, la côte landaise n'offre aucune possibilité de repli facile. Nous souhaitons rejoindre la côte au plus tôt afin de ne pas dépasser 36h de navigation. Nous rencontrons, à la capitainerie, un propriétaire d'un 52 pieds qui vient de renter d'Ajaccio. Il nous conseille d'attendre 4 jours pour bénéficier du vent tournant à l'Est. Nous n'avons pas envie d'attendre, certes le vent prévu est Sud (de Sud Est à sud 0uest, il doit passer Ouest vendredi après midi) mais pas d'avis de coup de vent, on part! Nous larguons les amarres à 12h00. Nous avons pris le temps de dormir, nous doucher, faire le plein d'eau et gas oil. Depuis le départ nous sommes sous GV 1 ris et solent avec appui moteur pour filer à 6 noeuds, vers 14H nous passons à GV entière et génois au pré à 4,5 noeuds. http://www.youtube.com/watch?v=eOXPZazeqWk&feature=youtu.be http://www.youtube.com/watch?v=5BNbYWk6za8&feature=youtu.be Nous naviguerons ainsi jusqu'au milieu de la nuit en mettant le moteur en appui dès que le vent ne permet pas d'atteindre 5 à 5,5 noeuds. Lors de son quart de 18 à 21H Laurent égaye le journal de bord: "Beau coucher de soleil, j'ai vu beaucoup de pingouins Guillemot". A 20h lors de mon point je complète à mon tour les informations marines :"Demi lune à peine voilée par un ciel moutonneux". Coucher de soleil au grand large d'Arcachon Au_large_d_Arcachon.jpg Coucher_de_soleil_a_20_milles_au_large_d_Arcachon.jpg La lune pour amer La_lune_pour_amer.jpg Vers 22 H nous sommes à la hauteur de Lacanau, à 20 milles au large. Minuit, la fin de mon quart, nuit magnifique. A 1H40, Laurent me réveille, le vent a forci, il faut rouler le génois et mettre le solent et prendre 1 ris dans la GV. Nous sommes au pré serré, la houle de Sud Ouest est de plus en forte, elle perturbe fortement notre progression, nous sommes obligés de mettre le moteur en appui pour dépasser les 5 noeuds. Vers 6h du matin le vent molli brusquement, nous augmentons le régime moteur mais gardons la voilure réduite car au pré serré avec cette houle pénible nous sommes souvent bout au vent. Vers 12h30 nous affalons le solent, le vent est pile sur notre route. Si nous abattons pour prendre le vent nous prenons la direction de Washington, nous essayons un virement de bord, direction Hossegor... Condamnés donc à voguer face au vent et à la forte houle, sous la pluie, péniblement 4,5 nds jusqu'à 16h où le vent commence à tourner Ouest. Enfin! Au travers, GV, gênois, moteur, 5,8 noeuds, pressés d'en finir. Entre temps nous avons sélectionner notre point d'arrivé, la Cala de Santa Catalina à une vingtaine de mille à l'Ouest de San Sebastian. 17h50, le vent est encore monté Ouest, nous sommes désormais grand largue avec un petit appui moteur, le temps est gris mais il ne pleut plus. Les heures difficiles sont oubliées, la côte approche, la navigation est agréable, je prend à nouveau plaisir à barrer. Et puis d'un seul coup le vent se met à monter et faire lofer le bateau jusqu'au travers, je me bat avec la barre, un oeil sur l'anémo qui ne se réveille que lorsque le vent est fort, 37 noeuds! J'enroule en partie le génois, coupe le moteur et me concentre sur la barre pour garder mon allure grand largue en veillant à ce que la houle ne me fasse pas lofer vers ce vent qui souffle à 25 noeuds. J'avais bien vu un grain, au loin à l'arrière tribord, je n'avais pas imaginé pouvoir en récolter les effets à une telle distance. Et une leçon de plus! ;-) La fin du parcours se fera sans difficulté, alternance de voiles seules et d'appui moteur. Nous arriverons à Leikeito au bon plein, à l'approche de la côte et de son relief le vent est plus Sud. 19h50 nous prenons un coffre dans l'avant port, il fait beau, c'est magnifique. Laurent semble heureux d'arriver Laurent_heureux.jpg Leikeito_by_night.jpg Leikeito.jpg

Samedi 23 mars: Leikeito / Laredo Nous partons à 10h, il fait beau, vent variable et faible, nous adaptons l'allure au fur et à mesure sous appui moteur pour garder les 6 noeuds. A 12h00 nous faisons une halte à Berméo pour faire le plein de gas-oil, la pompe à Leikeito n'était pas ouverte et semblait destinée aux pêcheurs. Sur la digue de Berméo quelqu'un a peint Gainsbourg et Brassens: Gainsbourg_et_Brassens_a_Bermeo.jpg Ensuite le vent se stabilise Est, plein arrière. Nous sommes sous appui moteur mais les 8 à 10 noeuds de vent permettent aux voiles de porter. Mon allure préférée, en ciseau. La houle nous porte, le frein de bôme maintient la bôme sur son amure lorsque le bateau roule trop mais le génois se dégonfle à chaque vague, on gâche le vent. L'envie me prend de tangonné le génois. Depuis le temps que j'entend parler de cette pratique sans l'avoir jamais essayé. Nous ne pouvons pas envoyer le spi, la drisse en coincée en tête de mat, il faut que je monte pour la décoincer. Rantanplan (le pilote auto) travaille comme un chef, je pars bidouiller devant. Bonheur, ça marche, nous avons gagné un noeud, le bateau prend mieux les surfs et roule moins. Etape suivante, je relève la dérive, j'ai lu que l'on y gagnait un peu au portant. Résultat, environ 0,3 noeuds mais le bateau roule plus, je la descend à demi, nous gardons le gain en vitesse et le bateau a retrouvé sa stabilité. Jusqu'à 10 noeuds de vent je suis obligé de conserver le moteur car à 5/ 5,5 noeuds sous voiles seules le bateau ne prend pas les surfs. Dès que l'anémo (que les coups de vent de la veille ont réveillé) affiche 12 noeuds je coupe le moteur. Le bateau avance à plus de 6 noeuds et nous fait de jolis surfs à plus de 7. Il fait soleil, je suis en tee shirt, la côte est magnifique, c'est le grand bonheur. Genois_tangone.jpg Nous avons vu défiler tant de lieux aux noms qui chantent: Cabo Machichao, baie de Bilbao, Punta de Sonabia... cote_Basque_espagnole.jpg

Il en sera ainsi jusqu'Ă  Laredo oĂą nous nous amarrons Ă  19h. Laredo, drĂ´le de port. Une magnifique marina de 1000 places... vides! Je comprendrais plus tard pourquoi elle est vide. 20130324_081449.jpg

Dimanche 24 mars: Laredo / San Vicente de la Barquera 53 milles 8h30 nous quittons le port fantôme où même la station service flambant neuve n'est pas opérationnelle. Le vent est faible et instable, nous partons sous GV et moteur. Ensuite il commence à forcir et se stabiliser Sud Ouest, nous passons au prés serré sous GV et génois, 5,8 noeuds. Vers 15h30 un gros grain nous tombe dessus, des rafales à 30 noeuds. J'avais rangé le solent le matin même, la météo prévoyait des vents faibles. J'essaie de gérer avec le génois en partie enroulé mais entre les rafales et la houle c'est impossible à gérer à la barre, nous n'avançons pas. J'enroule le génois, moteur. Nous finirons ainsi la journée, au moteur, face au vent, secoués par la houle sous des trombes d'eau. Nous sommes passés devant plein d'endroit probablement très chouettes à contempler par beau temps: Monte de Santona, Cabo Ajo, Cabo de Mar, Cabo Major (au dessus de Santander)... A 19h00 nous ancrons à San Vivente de la Barquera, où la pluie s'arrête enfin. San_Vincente_de_la_Barquera.jpg San_Vicente_2.jpg

Lundi 25 mars: San Vicente de la Barquera / Gijon 62 milles Départ à 8h30, sous la pluie qui ne nous lâchera pas. Seul réconfort, le vent est passé Est, nous naviguerons toute la journée en ciseau avec le génois tangoné et appui moteur dès que nous avançons à moins de 5,5 noeuds. Nous arrivons à Gijon à 18h50, 10 minutes avant la fermeture de la capitainerie. Cette escale était indispensable avec tous ses services, wifi pour réserver mon billet d'avion et pour la météo, douches et gas oil. Excellent accueil, grand confort, une ville que j'aimerai visiter lors d'une prochaine escale. Côte Asturies: Asturie_2.jpg

Mardi 26 mars: Gijon / Vivero 94 milles Le bulletin météo du matin confirme les précédents. Est 3 à 5 jusqu'à jeudi midi puis Sud Ouest crescendo pendant 2 jours jusqu'à force 9. L'objectif est clair, atteindre La Corogne mercredi soir, nous partons donc pour une longue journée. C'est en étudiant avec Laurent les abris de repli que j'ai compris pourquoi Laredo était vide et risque fort de le rester. De Laredo à La Corogne il n'y a guère que Santader et Gijon qui soient pratiquables par vents de Nord Est à Nord Ouest. Même si certains abris sont bien protégés, leur accès est impossible par gros temps. Le calvaire pour tout marin, l'enfer pour tout plaisancier qui souhaite faire du cabotage familial. Je crains que l'étude de marché n'ait été quelque peu fantaisiste. Encore une journée vent arrière en ciseau tangoné avec appui moteur sous une pluie incessante. Nous avons navigué en quart à partir de midi. A ma prise de quart vers 21h le vent et la houle avaient bien forci. Le bateau filait entre 6 et 7 noeuds avec des surfs entre 8 et 9. Malgré le conseil de Laurent j'ai voulu gardé le génois sur tangon pour mon quart, erreur... Vers 21h30 une rafale à plus de 20 noeuds et le génois passe devant l'étai au moment où je passais entre un cargo et un bateau de pêche dans une houle devenue très forte, encore sous la pluie. J'ai passé un sale quart d'heure à ranger le tangon et éviter ces bateaux sous les conseils de Laurent. Nous arrivons sur la pointe Nord de l'Espagne, la houle qui s'est formée depuis la côte française avec 2 jours de vent d'Est rencontre la Punta Estaca de Bares sur des fonds d'une quarantaine de mètre, la mer est donc particulièrement formée dans cette zone. Je ne veux pas imaginer ce que cela donne les jours de mauvais temps. Le rodéo s'est atténué lorsque nous avons obliqué vers le sud en passant la Punta Sainas pour rejoindre notre mouillage dans le Ria de Vivero où nous avons ancré à 1h30, toujours sous la pluie. Marre de la pluie Marre_de_la_pluie.jpg

Mardi 26 mars: Vivero / La Corogne 55 milles Réveil 7h30 après une petite nuit. J'ai mal dormi, je suis rarement serein au mouillage. Il pleut encore. Pour la première fois je n'ai pas envie de partir, juste retourner dans mon sac de couchage et attendre que la pluie s'arrête. Je suis d'une humeur de chien. Laurent, grand sage, a pris la barre dès que nous avons levé l'ancre et m'a envoyé me reposer. Deux heures plus tard le coup de blues avait disparu, c'était reparti pour un tour! Depart_Vivero.jpg Hors mis la pluie, cela aurait été une belle journée de navigation. Toujours au portant à belle allure, le bonheur de passer le Cabo Ortegal, de commencer à viser le Sud et quitter ce bon sang de Golfe. En entrant dans la baie de la Corogne le vent nous a lâché, pas la pluie, nous avons fini au moteur. Amarrage à 19h30. Encore un excellent accueil à la capitainerie. Très peu de bateau dans le port du Real Club Nautica. La_Corogne_2.jpg Arrivee_La_Corogne.jpg

C'est fait, nous sommes à La Corogne. 595 milles en 9 jours, notre périple a pris des allures de convoyage. Avec notre objectif de passer Gibraltar avant le 19 avril en faisant escale tous les soirs nous sommes obligés d'allonger les étapes et de forcer l'allure au moteur. 1 noeuds par heure, 10 heures par jour pendant 50 jours = 500 milles, le calcul est limpide. Nous avons modifié notre objectif, ce sera Malaga et non Marseille. Cela fera une cinquantaine de mille par jour. Jeudi repos, j'ai pu monter au mat pour démêler la drisse de spi. Comme prévu par la météo à 14h le vent a tourné Sud Ouest et ça commence à souffler fort. Vendredi 5h15, j'abandonne Laurent pour le week end, prends le taxi pour l'aéroport. Vol avec escale à Barcelone, 12h30 Orly, rer, maison vite fait, job. Drôle de sensation après ces 10 jours, je ne me sens plus dans un environnement naturel loin de mon bateau.